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Le film du dimanche soir
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23 mars 2008

THE MIST de Frank DARABONT - 2007 - Etats-Unis

 

 

Ça y est, je reviens du magasin où je viens d'acheter mon Avudenez-o-mètre© à approximation compensée, et après un premier essai d'une fulgurance qui ne va pas sans m'émouvoir profondément car c'est beau la technologie, je peux vous dire, comme ça, sans y accorder un crédit démesuré étant donnée l'incertitude fondamentale à laquelle l'être humain est confronté depuis qu'il arpente, comme frappé de cécité, les serpentins et sinueux sentiers de sa destinée sur Terre, je peux dire, disais-je avant de m'interrompre moi-même de nouveau avec un sourire narquois que je ne me connaissais pas et qui me fait dire que je suis victime de l'invasion d'une double personnalité dont le but avoué est de rendre la lecture de ce blog totalement héroïque pour quiconque cherche un sens en ces lignes, je peux dire, avec une pointe d'émotion dans la voix que je tenterai modestement de traduire par l'élection d'une prose empreinte d'un lyrisme dont l'inévitable exacerbation sémantique sera habilement compensée par sa dilution en une syntaxe aussi élastique dans sa géométrie que liquide dans son déploiement, je peux dire, au risque calculé de bouleverser irrévocablement le monde du 7ème art, que Stephen King est l'un des écrivains les plus adaptés au cinéma.

Si.

Au pif, comme ça, au débotté, à la volée, moi j'vous l'dis comme je l'pense, mais le Stephen, c'est un des plus adaptés. Au cinoche. Et puis ça m'arrange, en plus, parce que j'arrive pas à trouver une autre intro qui « déchire sa race »©® pour cet article.

Mais quand même c'est un peu vrai, vu que des pointures comme Kubrick, Cronenberg, Reiner, De Palma, Singer, Romero, Hooper s'y sont frottées, en plus de quelques artisans plus ou moins inspirés dont le gars Garris, Mick de son prénom, téléaste fidèle au King (pas à Elvis, hein...) et à l'origine de l'inégale mais passionnante série des Masters of Horror parmi lesquels je ne saurais trop vous conseiller le génial Homecoming du désespérément sous-estimé Joe Dante. Toute digression mise à part, il convient de rajouter à la liste des pointures susmentionnées le nom de Frank Darabont, fort respectable scénariste et réalisateur discret, qui en est à sa troisième rencontre avec la prose du maître du Maine, après La Ligne Verte et Les Evadés.

On le voit, Darabont était jusque là plus attiré par le versant « chroniqueur de l' intime » de l'écrivain que par son statut de maître de l'horreur. The Mist est donc l'occasion d'un virage dans la carrière du bonhomme, puisqu'il livre un film assez flippogène, voire par instant carrément trouillatoire, qui se jette à corps perdu dans l'arène du cinéma fantastique (s'entend dans une définition large du terme, oeuf corse©), et traite frontalement son argument surnaturel (tiens, allez, pour une fois, je fais mon altruiste et je vous fais un résumé (un pitch comme disent les professionnels de la profession®) (tiens, c'est le retour des parenthèses, une sorte de 12ème plaie d'Egypte (la 11ème étant la télé) d'autant plus redoutable que les parenthèses en hiéroglyphes demandaient des scribes particulièrement adroits, lis-je sur le blog de Sinoué L'égyptien (Khéops-la-boum.canalblog.fr ) ) : un jour, dans une petite ville des Stazunis, un brouillard chelou se pointe et on comprend à un moment que dedans, y'a des bêtes. Des stremons, quoi. Et du coup, un groupe de gens enfermés dans un supermarché tente de survivre, comprendre avant de s'entre-déchirer).

Et c'est là que Darabont fait la différence. Car sa pelloche a tout du bon B-movie du samedi soir (pour changer, à chaque jour suffit son film...), respectueux du genre et du public, généreux et efficace dans ses scènes-chocs, irréprochable techniquement, que ce soit au niveau de l'image ou à celui de la narration; mais en plus il se double d'une réflexion sur la foi et le fanatisme religieux (que Darabont prend un soin admirable à distinguer clairement l'une de l'autre ) tout bonnement stupéfiante par l'intelligence avec laquelle elle se coltine la complexité tentaculaire du sujet, et par l'évidence des solutions cinématographiques qu'elle invente pour dompter ce foisonnement de sous-thèmes.

Pur film d'horreur à l'ancienne, sérieux et rigoureux comme The Thing de Carpenter que Darabont cite en ouverture, comme pour se mettre sous son patronage et revendiquer son appartenance à un cinéma d'horreur adulte dont les visions cauchemardesques et terrifiantes ne sont rien en regard du malaise métaphysique et de l'angoisse existentielle qu'il peut déclencher chez le spectateur (respirez...), The Mist est une réussite majeure qui, non contente de réussi l'exploit d'être fidèle au texte (non pas que ce soit un gage de qualité, et il faudra bien un jour que l'on comprenne une bonne fois pour toutes que le cinéma et la littérature sont deux modes d'expression artistique différents qui ne peuvent que donner des oeuvres foncièrement différentes, aux qualités et défauts différents, aux tons différents, mais je m'égare, et pas seulement de Lyon©), se permet même de lui apporter une fin inédite et originale aussi cruelle que nihiliste, dont la radicalité renvoie directement à l'éprouvant La Secte Sans Nom de Jaume Balagueró (dont j'attends [REC], qu'il a co-réalisé avec son compatriote Paco Plaza, avec une impatience que j'aurais bien du mal à dissimuler tant le film bénéficie d'un bouche-à-oreille hautement stimulant pour mes papilles, et d'une bande annonce à faire saliver l'amateur de sensations cinématographiques. Mais je m'égare, et pas seulement de Montparnasse, derechef (de gare...Ou alors c'est trop, comme calembour pourri? Bon allez, je le laisse quand même, je sais que y'en a que ça réjouit secrètement...Aaaaah! Lionel! sors de mon corps, démon!) ce qui n'est pas grave, si on considère que, finalement, je crois avoir fait le tour de ce que j'avais à dire, et qu'il semblerait que l'on s'approche gaillardement de la fin de cette allocution que seul(e)s les plus vaillant(e)s d'entre vous verrons poindre, tel le marin épuisé par la tempête le phare d'Alexandrie dont les sirènes du port ont un fâcheux penchant pour la variété-disco française, à l'issue, encore indiscernable pour l'instant, de cette forêt de mots aussi enchevêtrés que mes métaphores, où les essences les plus subtiles du pur style classique sont étouffées par le lierre vulgaire d'une modernité anarchique du langage que renforcent les errances syntaxiques discutables de l'auteur l'Auteur et son goût irritant pour le jeu et la digression.

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